Violences sexistes et sexuelles en entreprise : 180 pages pour tout changer
- Aurélya Bilard
- 18 nov. 2024
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 nov. 2024
1,4 million de femmes ont déclaré avoir subi des violences sexistes ou sexuelles hors cadre familial en 2021. 2 % ont porté plainte : parmi elles, 62 % sont des salariées, déclare Christine Caldeira, secrétaire générale de l’ANDRH.

Un rapport sur les violences sexistes et sexuelles (VSS) sous relation d’autorité ou de pouvoir, dans le monde de la santé, de la culture, du sport, ou encore dans le monde du travail, a été remis au gouvernement dans la matinée du 18 novembre. La mission interministérielle qui a conduit ces travaux a organisé une conférence de presse un peu plus tard dans la journée afin de revenir sur les 41 recommandations proposées pour « lutter contre ce fléau trop longtemps ignoré ».
Tour à tour, Christine Caldeira, secrétaire générale de l’ANDRH, association des DRH, Christine Abrossimov, administratrice de l’Etat, Angélique Cauchy, sportive de haut niveau et présidente de l’association Rebond, Bariza Khiari, ancienne sénatrice de Paris et Vice-présidente du Sénat, Marie-France Olieric, gynécologue obstétricienne, présidente de l’association Donner des Elles à la santé, et Rachel Flore-Pardo, avocate au barreau de Paris et activiste féministe, ont pris la parole. Elles ont rappelé que sept ans après la vague Me too, beaucoup de choses reste à faire pour « construire une chaîne vertueuse de prévention, de repérage, de sanction, d’accompagnement et de réparation ».
Quels sont les leviers à actionner pour agir efficacement contre les VSS ? Le document de 180 pages souligne que « les inégalités persistantes entre les femmes et les hommes créent un terrain propice aux violences sexistes et sexuelles. Lutter contre les VSS sous relation d’autorité et de pouvoir implique nécessairement de lutter pour l’égalité entre les femmes et les hommes. » Parmi les propositions d’actions, on retrouve donc en toute logique une évaluation de la loi Rixain du 24 décembre 2021 relative aux grandes entreprises et la loi du 19 juillet 2023 relative à la fonction publique pour atteindre l’objectif fixé dans les instances dirigeantes et exécutives, et dans les instances disciplinaires.
« Côté entreprise, je vais revenir sur ce chiffre d’1,4 million de victimes [de VSS] pour lequel on sait que 62 % des victimes qui ont porté plainte [seules 2 % des victimes ont porté plainte], appartiennent au monde des salarié•es », déclare Christine Caldeira. Elle ajoute : « On pourrait croire que le code du travail encadre le sujet des violences sexistes et sexuelles, mais le sujet demeure. On ne peut pas aujourd’hui se satisfaire que ce soit uniquement de la volonté de l’entreprise de s’emparer du sujet. […] Il est essentiel de baisser le seuil de tolérance aux propos sexistes et de tendre vers la tolérance zéro. »
Et de poursuivre sur les actions possibles : former tous les salariés sur le rapport au pouvoir et rendre cette formation obligatoire. « Ce sont deux actions assez simples, mais essentielles. […] On pousse aussi pour faire de la prévention sur les violences sexistes et sexuelles un sujet de négociation obligatoire avec les partenaires sociaux [qui] peuvent être acteurs de ce changement. » « On aimerait aussi faire des VSS un véritable risque identifié dans l’ensemble des entreprises ou également l’aborder au travers de l’entretien annuel d’évaluation », conclut-elle.
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