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Aurélya Bilard

Marin Vogler : "Répondre aux besoins des entreprises des territoires en formant des talents locaux. C’est la raison d’être de Coda."

L'école supérieure d'informatique Coda vient de réaliser une levée de fonds de 4 millions d'euros. Quelles sont les ambitions de cet établissement qui a vu le jour en 2022 à Orléans ? Quelle est la vision de ses fondateurs ? Rencontre avec l'un d'entre eux, Marin Vogler qui, a 26 ans, est probablement l'un des plus jeunes directeurs d'école supérieure de France.


 

Comment est né le projet de l’école de développement informatique Coda ? Et quelles sont les attentes à la fois des candidats et du marché ?


Marin Vogler : Avec mon associé Leni [Maroglou], nous avons fondé Coda à la suite d’un double constat : il y a une pénurie de développeurs en France (plus de 120 000 postes sont à pourvoir) et les entreprises ont du mal à recruter des talents qualifiés. Beaucoup de formations ne répondent ni aux besoins du marché ni à ceux des entreprises. Ne trouvant pas toujours de formation de qualité à côté de chez eux, des étudiants ne se forment pas à ces métiers très demandés.


Avec Coda, notre idée était d’être présent dans des villes qui sont régionalement fortes, attractives pour des étudiants de la région, et avec lesquelles on peut ambitionner de devenir un leader régional. Nous avons voulu répondre aux besoins des entreprises des territoires en formant des talents locaux. C’est la raison d’être de Coda. C’est ainsi que nous avons créé notre premier campus à Orléans en 2022.


Vous venez de réaliser une levée de fonds de 4 millions d’euros pour accompagner la croissance de Coda. Quels sont les arguments que vous avez mis en avant pour convaincre les investisseurs ?


M. V. : Nous sommes allés à la rencontre de business angels, et non des fonds d’investissement. Nous avons discuté avec des personnes qui souvent ont des enfants, comprennent les besoins des étudiants, souhaitent que ces derniers suivent des formations de qualité. On compte aussi des entrepreneurs qui ont recruté des talents de la tech et qui ont mesuré la difficulté que cela représente de trouver des profils qualifiés.

Avec ce nouveau tour de table – nous avions déjà levé 1,7 million d’euros en février 2023 -, l’idée n’était pas uniquement de chercher de l’argent, mais aussi de l’expertise auprès des investisseurs qui viennent du monde de la tech, de l’éducation et même de l’immobilier. C’est un sujet important pour nous puisqu’il faut loger ces nombreux étudiants. De plus, nous avons un positionnement de centre-ville pour nos campus, c’est donc un immobilier qui n’est pas facile à trouver.


Pour ce deuxième tour de table, un bon nombre de nos investisseurs du premier tour ont remis au pot. S’ils nous ont épaulé la première fois, c’est parce qu’ils croyaient dans notre vision. Cette fois-ci, c’est notre capacité à délivrer cette vision qui les a convaincus. Les promesses qui avaient été faites ont été tenues. Nous avons réalisé une première rentrée à Orléans avec une trentaine d’étudiants, puis une deuxième avec 120 étudiants. Et nous préparons désormais l’ouverture du deuxième campus à Dijon.


D’ailleurs, vous visez 450 étudiants à Orléans d’ici 2027. Quels sont vos objectifs avec la création in fine de dix campus en dix ans ?


M. V. : Nous avons cette vision long terme de créer dix campus en dix ans (un par an) et on s’en donne les moyens avec cette nouvelle levée de fonds qui va nous servir à répliquer le modèle orléanais dans d’autres villes. C’est une vision à la fois ambitieuse et à la croissance modérée puisqu’on ne se brûle pas les ailes. La vision à moyen terme, en 2027, c’est de franchir la barre des 1 000 étudiants répartis sur quatre sites d’ici 2027, en sachant que le campus d’Orléans sera à maturité avec 450 étudiants. C’est d’ailleurs la taille cible que l’on envisage par campus.


Est-ce vous avez des partenariats avec des entreprises ? Et est-ce que vous prévoyez aussi des partenariats avec d’autres écoles ?


M. V. : Sur le volet entreprises, on noue déjà des partenariats avec des acteurs locaux, des ESN et de grands groupes qui ont des antennes à Paris et en région. Et nous étoffons cette base de jour en jour. Sur le volet écoles, c’est quelque chose que l’on encourage vivement. On l’a fait de manière très concrète en nous installant sur le campus orléanais de l’ISC Paris. Le partenariat est évident : nos étudiants se croisent, se parlent et travaillent ensemble. Nous avons des hackathons en commun, on coorganise des conférences, nos étudiants peuvent assister à des événements de l’ISC et inversement.


Nous travaillons aussi avec d’autres établissements comme des écoles d’ingénieur ou de design, avec lesquelles on organise des événements. On pense que le croisement des compétences de nos étudiants avec celles d’étudiants d’autres disciplines, qui travaillent et pensent différemment, peut leur apporter énormément. A la fois pour leur scolarité, mais aussi leur vie professionnelle.


On constate que les entreprises sont très critiques envers le milieu de la formation. Certaines entreprises créent des cursus sur mesure avec des écoles pour répondre à leurs propres besoins. Et c’est in fine limitant pour les étudiants.


M. V. : Oui, bien sûr. Nous, on doit trouver le bon équilibre entre une bonne formation qui est suffisamment exhaustive pour que nos jeunes soient formés sur différents sujets afin de travailler aussi bien en ESN, grand groupe que startup. Et ce, tout en répondant aux besoins des entreprises.


J’échangeais il y a quelques mois avec une entreprise qui voulait recruter 120 personnes en développement informatique. 40 recrutements ont été réalisés ; quant au reste, l’organisation faisait face à la pénurie de talents. En regardant la fiche de poste, j’ai considéré que j’avais des étudiants en Bac+2 et Bac+3 qui pouvaient correspondre à leurs besoins. Mais cette entreprise ne voulait embaucher que des ingénieurs à Bac+5… Elle ne réalisait pas qu’avec ces 40 recrutements, elle avait déjà épuisé le marché.


On souffre de comparaison avec des cursus classiques. Une école d’ingénieur n’est pas une école d’application, c’est une école où les premières années sont très généralistes. Avant d’avoir quelqu’un qui fait le job en développement informatique, il faut attendre le Bac+5. Nous, nous sommes une école très orientée métier. On est dans le concret, nos étudiants mettent les mains dans le cambouis dès le premier jour.


Comment abordez-vous la question de la féminisation des métiers de la tech ? Que faites-vous pour attirer des étudiantes dans cette filière ? Et avez-vous des objectifs en la matière ?


M. V. : Quand vous vous rendez dans un lycée à la rencontre d’élèves en Terminale spécialité développement informatique, vous constatez qu’il y a 90 % de garçons. Lors d’événements d’orientation, avec des publics plus jeunes – comme des collégiens à partir de 11 ou 12 ans –, on peut véhiculer certains messages et encourager à plus de mixité dans la tech. Nous allons d’ailleurs héberger un événement de Girls can code, une association qui fait découvrir le développement informatique aux jeunes filles pour qu’elles puissent s’emparer du sujet et voir que ce n’est pas réservé aux garçons.


Chez Coda, nous ne faisons pas de discrimination positive, c’est-à-dire que le processus d’admission est fait de la même manière pour tous et toutes. Le rôle modèle est plus important selon nous. On accueille plusieurs intervenantes de la tech et l’an dernier, notre marraine de promo était Mélanie Paris Bartolo qui est la déléguée générale de Pixel players, une association de divertissement digital très orientée dans le domaine du gaming en centre Val-de-Loire. C’est crucial de montrer qu’être une femme et réussir dans la tech est non seulement possible, mais est une réalité.


 

Retrouvez Coda lors de ses journées portes ouvertes

Le 7 décembre de 14h à 18h à Dijon et le 14 décembre de 14h à 18h à Orléans. Pour s'inscrire, rendez-vous sur le site Internet de l'école : https://www.coda.school/


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