L'absentéisme dans la Fonction publique est plus élevé que dans le privé. Mais qu'est-ce que l'absentéisme ? Retour sur les définitions proposées par l'Anact, le cabinet de conseil Ayming ou encore la plateforme LegalStart.
Il a suffi d’un différentiel de trois jours d’absence au travail entre la Fonction publique et le privé pour mettre le feu aux poudres. En effet, l’enquête Emploi de l’Insee a mis en lumière qu’en moyenne les fonctionnaires étaient absents quatorze jours par an contre onze dans le secteur privé. Il n’en fallait pas plus au gouvernement pour remettre en cause le délai de carence des agents de la Fonction publique.
Il prévoit ainsi de le faire passer d’un à trois jours dans le but d’économiser 15 milliards d’euros et de lutter contre l’absentéisme.
Cet événement a ouvert un autre débat plus inattendu sur ce qu’est l’absentéisme. Car force est de constater que la définition varie selon l’interlocuteur. En témoigne cet échange entre Guillaume Kasbarian, ministre de la Fonction publique, de la simplification et de la transformation de l’action publique et Laurence Rossignol, sénatrice du Val-de-Marne.
« Il y a une question qui est celle de l’absentéisme madame la sénatrice », déclare Guillaume Kasbarian. Et Laurence Rossignol de répondre : « Monsieur le ministre, ce n’est pas d’absentéisme dont nous parlons, mais d’arrêt maladie. L’absentéisme, c’est le mot qu’on utilise pour les élèves qui sèchent le lycée. Là, on parle de fonctionnaires en arrêt maladie. »
Qui a tort ? Qui a raison ?
Pour tenter d’y voir plus clair, arrêtons-nous sur les définitions proposées par différents acteurs du monde du travail. A commencer par l’Anact, l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail. Pour l’organisme public sous tutelle du ministère du Travail, « l’absentéisme caractérise toute absence qui aurait pu être évitée par une prévention suffisamment précoce des facteurs de dégradations des conditions de travail entendues au sens large (les ambiances physiques mais aussi l’organisation du travail, la qualité de la relation d’emploi, la conciliation des temps professionnel et privé, etc.). Certaines absences ne sont pas de l’absentéisme, et il est moins pertinent de se focaliser sur celles-ci (les congés de formation ou de maternité, par exemple) que sur d’autres, plus significatives pour l’entreprise (les accidents et les maladies professionnelles, l’absence ordinaire et répétitive, etc.). De plus, il convient avant tout d’insister sur les éléments qui peuvent faire l’objet d’une action correctrice ou préventive dans l’entreprise. Les situations sont diverses et l’entreprise doit chercher à mieux connaître ses spécificités pour agir avec efficacité contre l’absentéisme. »
Le cabinet de conseil Ayming, qui publie tous les ans son Baromètre de l’absentéisme et de l’engagement en partenariat avec AG2R La Mondiale, s’appuie quant à lui sur le même courant de pensée. « Pour Ayming, la mesure de l’absentéisme doit englober les arrêts pour « maladie », pour « accident de travail » et de « trajet », pour « maladie professionnelle » et les « absences injustifiées ». On peut considérer qu’il y a une part incompressible et une part compressible dans l’absentéisme. La part incompressible concerne l’état de santé des salariés ou de leurs proches. La part compressible correspond aux absences dont le motif est davantage lié au travail. C’est sur cette part compressible que nous portons particulièrement notre attention et nos actions. »
En revanche, la plateforme Legalstart qui propose des services juridiques en ligne, avance une définition plus restreinte : « L’absentéisme au travail, par définition, décrit la pratique qui consiste pour un salarié de s’absenter fréquemment de son lieu de travail, souvent sans justification valable. Tandis que certaines absences sont justifiées, telles que les arrêts de travail, les congés exceptionnels ou les congés payés, l’absentéisme décrit plutôt les absences qui n’ont ni explication ni motif valable. »
Au niveau des directions des ressources humaines, on parle de suivi des absences, et ce peu importe le motif. Une nuance est tout de même admise entre la gestion des congés – les absences prévues –, et la gestion des absences – imprévues quelle qu’en soit la raison. C’est sur ce dernier point que se niche l’absentéisme au travail.
Pour agir sur l’absentéisme, les entreprises du privé et du public sont invitées à s’intéresser aux causes. Elles doivent interroger l’organisation du travail, ainsi que les conditions dans lesquelles il est réalisé.
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